L’Observatoire national sur la compétitivité des entreprises (ONCE), créé par décret en 2017, a pour mission de suivre et évaluer la compétitivité des filières porteuses de croissance ainsi que des pôles régionaux de développement pour proposer au gouvernement des mesures et réformes, à l’effet d’améliorer la compétitivité des entreprises. La structure a organisé fin septembre 2018, à la Maison de l’entreprise au Plateau, un séminaire d’opérationnalisation. Dans cet entretien, le secrétaire exécutif de l’observatoire, Youssouf Samassi, livre les grands axes de son plan d’actions. Interview.
A quels besoins répond la création de cet observatoire ?
L’Observatoire national sur la compétitivité des entreprises (ONCE) est un nouvel organe que le gouvernement a mis en place par décret en octobre 2017. Cet instrument vient soutenir le développement du secteur privé. L’Etat, en concertation avec le secteur privé, va entreprendre des actions pour soutenir le développement des entreprises et aller à la compétitivité. Jusque-là, nous avons produit surtout dans le secteur agricole, en termes de production brute de matières premières agricoles. Cette production a soutenu l’activité économique de la Côte d’Ivoire dans les années 6O-70 et permis à notre pays d’atteindre des sommets et glaner des lauriers. Aujourd’hui, il faut passer à une autre phase, celle de la transformation, en créant de la valeur ajoutée. Ce qui permettra de créer des emplois. C’est la nouvelle orientation du gouvernement. On produit, mais il faut aussi transformer pour avoir des produits mieux élaborés qui comportent beaucoup de valeurs ajoutées. Cela va permettre de soutenir le développement de l’économie. C’est cette phase que nous traversons aujourd’hui.
Quel rôle jouera donc l’ONCE ?
La Côte d’Ivoire est arrivée à un stade où il fallait mettre en place un Observatoire pour suivre l’évolution des filières, leur développement, leur compétitivité. C’est dans ce sens que l’Observatoire a été créé. Il s’agit d’assurer la veille stratégique au niveau de l’évolution de notre économie.
Qui est membre l’Observatoire ? Et pourquoi ?
L’ONCE est une plateforme Etat-secteur privé. L’Etat est représenté par les ministères membres du Conseil d’orientation. L’ONCE est, en fait, composée de deux organes : le Conseil d’orientation et le Secrétariat exécutif. Le Conseil d’orientation est composé des ministères, des organismes techniques tels que le CEPICI, le BNETD, l’INS, les chambres consulaires, la Chambre de commerce et d’industrie, la chambre d’agriculture, les organisations professionnelles, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF). L’objectif est que toutes ces institutions puissent partager des informations, se fixer des objectifs, veiller à ce que ces objectifs soient atteints. Donc, les membres du gouvernement et les organisations professionnelles y sont représentés pour soutenir le développement de nos activités.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Adama Koné, a rassuré le secteur privé sur l’accompagnement du gouvernement. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Aujourd’hui, parlant de transformation structurelle de l’économie, l’Etat a pris les premières initiatives en mettant le cap sur le développement du secteur agricole. C’était le premier pas. Aujourd’hui, continuer à créer les conditions du vrai développement repose sur le secteur privé. Donc, il faudrait que des entreprises soient créées, que des initiatives soient prises et que ces actions soient soutenues. C’est pourquoi le ministre a rappelé que l’Etat fait sa part. Par exemple, la compétitivité est un concept très vaste. Il y a le cadre institutionnel, les infrastructures, le cadre macroéconomique et la formation. C’est cela la part de l’Etat. Il y a, ensuite, les initiatives que les entreprises doivent prendre. Nous sommes aujourd’hui à cette phase. Il s’agit d’encourager les entrepreneurs à s’investir sur ce chantier de la transformation structurelle de l’économie pour que des initiatives soient prises, tant au niveau national qu’international. Nous faisons donc appel aussi à des Investissements directs étrangers (IDE) pour que d’autres entrepreneurs, sous d’autres horizons, viennent s’associer à nous pour créer les conditions du vrai développement, du vrai décollage.
De quels types d’initiatives s’agit-il ?
Il s’agit d’initiatives en termes d’objectifs spécifiques à atteindre. Aujourd’hui, nous sommes les premiers producteurs du cacao. Ça, c’est au niveau de la fève. Mais il faut aller à la transformation pour que des produits finis soient faits ici, notamment la tablette de chocolat, pour ne prendre que cet exemple. C’est le cas dans tous les domaines. Si nous prenons l’exemple du coton fibre, nous arrivons à pousser la transformation au point de fabriquer les tissus ici. C’est un peu dans ce sens, pour ne pas qu’on s’arrête à la production de matières premières brutes, mais qu’on arrive à des produits transformés pouvant susciter une diversification d’activités. Donc, au-delà de cet objectif, il faut qu’il y ait beaucoup d’autres sous-secteurs qui se développent. C’est tout cela qui crée les conditions d’une économie diversifiée, complexe qui permet aux uns et aux autres de trouver matière à s’activer.
De façon pratique, en quoi vont consister les actions de l’ONCE, de sorte à avoir un impact réel sur la compétitivité des entreprises ?
Comme dans tout processus, la première matière, c’est vraiment l’information. Il faut avoir les informations internes et externes sur le sujet à traiter. Donc, l’ONCE va s’atteler à aller rechercher toutes les informations possibles pour faire l’état des lieux sur telle spéculation, telle production pour savoir où nous en sommes. Voici l’objectif que nous voulons atteindre et les stratégies à mettre en place pour y arriver. Comme on le dit, nous sommes dans un monde de compétition. Nous savons ce que nous faisons. Mais si nous ne savons pas ce que l’autre fait, nous serons dépassés. C’est comme dans une compétition sportive. Nous pouvons nous entraîner, mais il est important d’aller espionner l’adversaire pour voir la stratégie qu’il met en place. Ainsi, le jour du match, nous saurons ses forces et ses faiblesses. Donc, l’ONCE va chercher toutes les informations possibles concernant des objectifs de développement que nous voulons atteindre, pour savoir où nous en sommes, à qui nous nous comparons, ce que fait l’autre compétiteur.
Le secteur privé est un acteur important dans le processus. Est-ce qu’il est aussi destinataire des informations que vous allez recueillir à travers les études ?
Comme je l’ai dit, au niveau de la structuration du Conseil d’orientation, il y a l’Etat, mais aussi le secteur privé à travers la CGECI, la Chambre de Commerce et d’Industrie et les organisations professionnelles. Pour que toutes les problématiques de développement soient traitées ensemble, pour qu’on ait tous la même information, et prendre le même élan d’engagement pour traiter des sujets qui seront posés.
En termes d’actions, à quoi doit-on s’attendre ?
Au sortir du séminaire, nous avons élaboré notre feuille de route que nous déroulons. Cela consiste dans un premier temps à aller vers les différentes organisations, les différentes structures pour toucher de près leurs préoccupations. Le séminaire a permis de déterminer les axes d’orientation. Des études ont déjà été faites et le séminaire était l’occasion de passer en revue ces études, savoir quels étaient les sujets présentés, où est-ce que nous en sommes, quels sont les nouvelles problématiques qui se posent. Nous allons faire l’agrégation de tous ces éléments pour avoir de nouveaux axes d’orientation, de travail. Et c’est avec ces éléments qu’on ira vers les opérateurs privés pour, ensemble, fixer les objectifs de développement à atteindre.
Interview réalisée par Emmanuel Akani
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