Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en visite officielle dans les régions du Cavally et du Guémon, s’est prononcé ce jeudi 3 octobre 2019, à Guiglo, sur la crise profonde que traverse la filière hévéa. Les producteurs sont dans la tourmente, à cause de la mévente qui entraine des prix d’achat très bas et qui plus est ne sont même pas respectés sur terrain. A Guiglo, au cours d’une rencontre avec les populations de Taï dont l’agriculture est la principale source de revenu, et qui ont posé le problème, le Premier ministre a reconnu qu’il y a un « vrai problème » dans la filière.

Une ordonnance en vue pour mettre fin à la mévente

La question préoccupe le chef de l’Etat et le gouvernement, qui se soucient de la bonne rémunération des producteurs, quelle que soit la filière, a révélé Amadou Gon Coulibaly. Il s’est longuement penché sur le problème et a décidé de prendre « une ordonnance qui sera proposée au gouvernement et examinée en conseil des ministres pour apporter des avantages spécifiques visant à permettre aux usines existantes d’augmenter leurs capacités. » Les mesures proposées, explique-t-il, prendront la forme d’exonérations fiscales, de crédits d’impôts, etc. qui seront accordés à ces opérateurs et qui leur permettront d’augmenter leurs capacités de production.

Mieux, ces mesures concerneront également les opérateurs désireux d’installer de nouvelles usines. Elles devraient permettre, se persuade le chef du gouvernement, d’augmenter la capacité de transformation locale, ce qui mettrait un terme définitif à la crise dans la filière hévéa.

Au-delà, et pour s’assurer que ces bonnes intentions profiteront effectivement aux producteurs, Amadou Gon Coulibaly engagera des consultations avec l’interprofession de l’hévéa qui vient d’être mise en place, afin qu’un mécanisme de fixation des prix d’achat soit trouvé, plus rémunérateur. Des dispositions devraient suivre pour s’assurer que les prix fixés sont effectivement payés aux producteurs.

Trouver un nouveau mécanisme de fixation des prix

Sur les causes de la mévente, le Premier ministre a expliqué la Côte d’Ivoire enregistre une forte croissance de sa production d’hévéa depuis quelques années.  Il y a une dizaine d’années déjà, les cours de l’hévéa étaient élevés ; ce qui a suscité un attrait important pour la culture de l’hévéa. Malheureusement,  la filière fait face à une baisse des cours mondiaux. Pis, les capacités des usines de transformation n’ont pas suivi l’évolution de la production et les efforts du gouvernement pour régler ce problème n’ont pas suffi. La solution avait été trouvée d’exporter les fonds de tasse mais il y a eu des problèmes avec les armateurs. Ces transporteurs ne veulent plus faire le transport de fonds de tasse. « Donc on a aujourd’hui un déficit structurel important entre la production nationale et les capacités de transformation. Ce qui conduit à des distorsions, avec des fixations de prix qui ne se font plus avec une logique économique normale », a affirmé le Premier ministre. Avec les mesures qu’il entend prendre, il vient en réalité jeter du baume au cÅ“ur des producteurs qui ne savaient quoi faire de leurs plantations dont la plupart ont choisi d’arrêter l’exploitation, ne pouvant plus en assurer les charges.

Emmanuel Akani