La deuxième journée de la Conférence de l'investissement touristique et hôtelier en Afrique (CITHA) édition 2025, qui s'est déroulée les 18 et 19 février 2025 à Abidjan, hôtel Pullman, a enregistré un panel traitant de l'accès au financement, qui reste un défi majeur pour le développement de projets dans le secteur. Le panel, qui avait pour thème "Financement des projets hôteliers et touristiques en Afrique : quelles solutions?", s'est penché sur les difficultés rencontrées par les porteurs de projets pour obtenir des financements et a dégagé des pistes de solutions pour surmonter ces obstacles.
Stéphane Sebah, VP en charge du développement de Louvre Hotels, a affirmé que le financement constitue le principal défi du secteur de l'hôtellerie en Afrique. Les projets hôteliers sont financés par des banques et des institutions financières qui doivent prendre des risques sur une certaine période. Cependant, ces banques, ainsi que les gouvernements, doivent comprendre que ces projets nécessitent une période de réalisation minimale oscillant entre 10, 15, voire 20 ans. C'est un projet de longue durée, dont les recettes doivent être valorisées sur cette période.
En Afrique, les prêts sont souvent courts, de 7 à 8 ans, ce qui n'est pas adapté à la durée d'un projet hôtelier. Un autre facteur important est le taux de crédit exorbitant, ayant un impact considérable sur le coût du projet. "Il y a une offre qui n'est pas adaptée à l'hôtellerie et très souvent, le financement est un problème majeur. Des prêts à 10-15%, c'est quand même très pesant", s'est exclamé l'opérateur hôtelier. Il explique qu'il y a un déficit hôtelier important en Afrique, ce qui rend urgent pour tous les acteurs de l'écosystème (banques, gouvernements, etc.) de prendre conscience de cette réalité et d'agir en conséquence.
Olivier Granet, co-gérant associé de Kassada Capital Management, confirme que le coût du financement d'un projet est plus élevé en Afrique que partout ailleurs. Le coût de construction est également plus élevé, alors que la performance opérationnelle, estimée à 54% en Côte d'Ivoire, est inférieure à celle de nombreux autres marchés. 81% des hôtels sont détenus par des individus et des familles, présentant une offre sous-développée et inférieure à celle existant ailleurs dans le monde. "On y va avec réalisme et conviction sur le potentiel et la nécessité de transformer le secteur, c'est-à-dire contribuer à ce qu'il y ait un écosystème et changer la donne", a expliqué Olivier Granet. Il plaide pour la création d'un écosystème favorisant l'investissement et le retour sur investissement. Le partenariat public-privé, discuté lors de la table ronde, est une piste à explorer, ainsi que la collaboration entre acteurs publics et privés, l'échange de bonnes pratiques et la mise en avant de mécanismes porteurs.
Nicolas Jean, expert en financement de projets en Afrique subsaharienne chez Stork Avocats, pense que la situation actuelle est due à la méconnaissance de la structuration des projets hôteliers, avertissant que "tant qu'on ne prendra pas l'hypothèque comme une garantie solide", la perception du risque sur le continent constituera toujours un frein au financement du développement. Selon lui, il importe de régler cette question, car le tourisme est un secteur puissant pour l'éducation, la sécurité, l'égalité hommes - femmes, la limitation de l'exode vers les grandes villes, et le développement des infrastructures telles que les routes et l'énergie.
Olivier Granet souligne qu'il y a des capitaux disponibles sur le continent, qu'ils soient étatiques ou autres, et qu'il est important de créer un cercle vertueux pour les utiliser efficacement pour le financement de projets hôteliers d'envergure. Stéphane pense que les nouvelles formes de partenariat public-privé sont une piste à suivre pour développer le tourisme en Afrique. L'exemple du Maroc, avec l'implication du Fonds du roi, et celui de la Côte d'Ivoire, où un fonds de 50 milliards FCFA a été mis en place pour faciliter le financement des projets touristiques, sont cités en exemple.
Mme Bigué Sagna, Investment Guarantee Officer de MIGA, membre du groupe de la Banque mondiale, a présenté le dispositif mis en place pour réduire significativement la perception du risque dans le secteur financier, afin de soutenir les opérateurs dans la réalisation de projets hôteliers. Elle a expliqué que MIGA offre des solutions de garantie et d'assurance. L'objectif de la Banque mondiale est de maximiser les emplois dans la région, et le secteur du tourisme est l'un des plus porteurs dans ce sens. Mme Sagna a décidé de prendre en charge des risques empêchant les banques commerciales de faciliter le financement des projets.
Emmanuel Akani
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Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada
Prof. Issouf SOUMARÉ est Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada. Il est également le Président-Fondateur de l’INSTITUT SOUMARÉ DE LA FINANCE et de l’UNIVERSITÉ SOUMARÃâ... Lire la suite Voir plus
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